La question est
forte intéressante, et je comprends votre
interrogation sur le miel récolté dans un
environnement où des plantes toxiques se
développent.
Comme j’ai pu l’indiquer sur APISITE
La digitale pourpre (Digitalis
purpurea) est en effet une plante
considérée comme vénéneuse et
utilisée en médecine ancienne dans des
remèdes utilisant les feuilles pour calmer les
palpitations du cœur mais aussi comme diurétique,
plus d’usage en l’état, par les risques
d’intoxications par mauvais dosages. Aujourd’hui on tire
plusieurs substances pharmaceutiques importantes dont la
digitaline et la digoxine. Ces produits accroissent la force
de contraction du muscle cardiaque et sont employés
dans les cas de congestion cardiaque ( plus
d’informations)
**************
La question que l’on doit se poser dans
le cas de plantes vénéneuses est de savoir si
le principe actif dangereux de la plante se retrouve
après le passage dans les nectaires, dans le nectar
qui sera récolté par les abeilles pour sa
transformation en miel. .. si oui : quelle dose sera
dangereuse à sa consommation ( à partir de
quelle proportion de fleurs de plantes toxiques participants
à l’élaboration du miel, le miel produit
devient dangereux ?)
Autres questions, si le nectar ne
présente pas la molécule toxique, les abeilles
récoltent t’ils leurs pollens et ces pollens qui se
retrouvent en trace dans le miel rendent t’ils toxique ce
miel ?
J’ai fait part de votre
problématique au conservateur du jardin de l’Ecole
Vétérinaire d’Alfort Ville qui m’a
éclairé sur ce sujet…
- Le nectar du digitale pourpre
pourrait donner du miel vénéneux, impropre
à la consommation, mais tout dépendra du
nombre de plantes présentes dans
l’environnement,…
- Une plante isolée, le risque
est limité, un groupement de plantes, le risque
est possible pour le miel.
- Par précaution il m’indique
que si le nombre de plantes est important, il faut
délaisser et ne pas consommer le miel
récolté.
- Il suggère l’arrachage des
plants.
- La détermination du seuil
toxique est difficile à déterminer
· Il m’indique que d’autres plantes
sont toxiques tel que le rhododendron oriental (mais en
France métropolitaine ni dans les
Pyrénées même orientales ni dans les
Alpes) mais plutôt dans des montagnes « grecques
», en Asie,… des cas d’intoxication de sportif ayant
consommé 100 grammes de miel dans la journée
en « Himalaya » a été
rapporté.
· En France, lorsque l’on implante
un rucher près d’un parc botanique, si les conditions
climatiques et l’acidité du sol permettent le
développement du rhododendron, il faudrait se
renseigner auprès du parc, car des parterres de
Rhododendron oriental sont parfois plantées.
Selon
moi, la coupe ne sera possible que si la plante n’est pas
dans la liste des plantes protégées,
Après vérification, elle n’en fait pas partie des plantes
protégées, cependant il me semble que
l’arrachage* des racines restes interdit quel que soit le
« statut » réglementaire de la plante, ce
dernier point reste donc à vérifier… (et bien
sur hormis les plantes dites invasives comme la berce du
Caucase, avec les précautions requises puisque
qu’elle est urticante, provoquant des brûlures
graves)
En prenant contact avec le laboratoire
d’analyse des pollens du CETAM :
· l’on m’indique que
cette plante produit des pollens petits et nombreux,
· son absence dans le miel serait
donc pour vous une preuve de son absence sous forme de
nectar.
· La présence de pollen signe
que les abeilles ont bien récolté ces fleurs
mais n’est pas signe que ce miel est impropre puisque que de
faible quantité de nectar récolté du
digital suffit pour détecter un nombre significatif
de pollen.
En prenant contact avec le CHU de Nice
(service d’urgence et des intoxications) dont j’ai pris
connaissance d’une liste
des plantes dangereuses
:
Le service m’indique que même si le
risque existe de transmission du toxique vers le nectar puis
vers le miel dépend, de nombreux facteurs
interviennent, et le risque dépendra de la
concentration du toxique, ce qui ne peut se justifier que
s’il était récolté pur… et cas
ça connaissance il ne connaît pas
d’intoxication en France (dans son service
1°) toute la plante de la digitale
est toxique, mais la feuille concentre plus le poison : il
en faut selon les sources 120 grammes (frais ou sec ?) de
feuille pour être toxique, alors pour qu’elle se
retrouve dans le miel, signifierait que des champs entier
ont été butinés et presque
exclusivement. Les abeilles butinent un grand nombre
d’espèces différentes, comme vous le savez
déjà, le miel n’est jamais la composante d’une
seule fleur (hormis la présence de monoculture) mais
de plusieurs dizaines de fleurs majeures, on limite
l’éventuel risque d’intoxication.
2°) le cas en France sont si rare
que je n'ai pas connaissance de cas précis
d'intoxication par le miel causé par une plante
toxique (mais je me renseigne au centre
anti-poison)
3°) Les abeilles ne sont pas
intoxiquées par la digitaline.
Selon moi, si vous avez un doute sur
votre récolte :
· utilisez, le miel
récolté comme nourrissage, et ne
récolter qu’en dehors de la période de
floraison de la digitale, le miel que vous consommerez. Ce
dernier point reste peut être difficile à
appliquer car la floraison maximale s’étend de juin
à juillet (aux conditions climatiques
régionales près).
· En procédant en une seule
récolte en fin de saison (mélange de toutes
les fleurs) dilué le risque
· En ne consommant pas chaque jour
de trop grande quantité (effet de dilution : principe
de consommation de multiples sources alimentaires en petite
quantité)
· Et si cela peut vous rassurer,
faites une analyse
· demander à des apiculteurs
proches de vous s’ils ont eu des cas
d’intoxication…
S. Bénédic
d’APISITE
J’ai pris contact avec le centre de
documentation du centre anti-poison et j’attends des
informations complémentaires (statistiques et
articles)