30/05/07

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MIEL TOXIQUE

et DIGITALE POURPRE

et ARTICLES

La question est forte intéressante, et je comprends votre interrogation sur le miel récolté dans un environnement où des plantes toxiques se développent.

Comme j’ai pu l’indiquer sur APISITE

 La digitale pourpre (Digitalis purpurea) est en effet une plante considérée comme vénéneuse et utilisée en médecine ancienne dans des remèdes utilisant les feuilles pour calmer les palpitations du cœur mais aussi comme diurétique, plus d’usage en l’état, par les risques d’intoxications par mauvais dosages. Aujourd’hui on tire plusieurs substances pharmaceutiques importantes dont la digitaline et la digoxine. Ces produits accroissent la force de contraction du muscle cardiaque et sont employés dans les cas de congestion cardiaque ( plus d’informations)  

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La question que l’on doit se poser dans le cas de plantes vénéneuses est de savoir si le principe actif dangereux de la plante se retrouve après le passage dans les nectaires, dans le nectar qui sera récolté par les abeilles pour sa transformation en miel. .. si oui : quelle dose sera dangereuse à sa consommation ( à partir de quelle proportion de fleurs de plantes toxiques participants à l’élaboration du miel, le miel produit devient dangereux ?)  

Autres questions, si le nectar ne présente pas la molécule toxique, les abeilles récoltent t’ils leurs pollens et ces pollens qui se retrouvent en trace dans le miel rendent t’ils toxique ce miel ? 

J’ai fait part de votre problématique au conservateur du jardin de l’Ecole Vétérinaire d’Alfort Ville qui m’a éclairé sur ce sujet… 

  • Le nectar du digitale pourpre pourrait donner du miel vénéneux, impropre à la consommation, mais tout dépendra du nombre de plantes présentes dans l’environnement,… 
  • Une plante isolée, le risque est limité, un groupement de plantes, le risque est possible pour le miel. 
  • Par précaution il m’indique que si le nombre de plantes est important, il faut délaisser et ne pas consommer le miel récolté. 
  • Il suggère l’arrachage des plants. 
  • La détermination du seuil toxique est difficile à déterminer  

· Il m’indique que d’autres plantes sont toxiques tel que le rhododendron oriental (mais en France métropolitaine ni dans les Pyrénées même orientales ni dans les Alpes) mais plutôt dans des montagnes « grecques », en Asie,… des cas d’intoxication de sportif ayant consommé 100 grammes de miel dans la journée en « Himalaya » a été rapporté. 

· En France, lorsque l’on implante un rucher près d’un parc botanique, si les conditions climatiques et l’acidité du sol permettent le développement du rhododendron, il faudrait se renseigner auprès du parc, car des parterres de Rhododendron oriental sont parfois plantées.

  Selon moi, la coupe ne sera possible que si la plante n’est pas dans la liste des plantes protégées,

Après vérification, elle n’en fait pas partie des plantes protégées, cependant il me semble que l’arrachage* des racines restes interdit quel que soit le « statut » réglementaire de la plante, ce dernier point reste donc à vérifier… (et bien sur hormis les plantes dites invasives comme la berce du Caucase, avec les précautions requises puisque qu’elle est urticante, provoquant des brûlures graves) 

En prenant contact avec le laboratoire d’analyse des pollens du CETAM : 

· l’on m’indique que cette plante produit des pollens petits et nombreux,  

· son absence dans le miel serait donc pour vous une preuve de son absence sous forme de nectar. 

· La présence de pollen signe que les abeilles ont bien récolté ces fleurs mais n’est pas signe que ce miel est impropre puisque que de faible quantité de nectar récolté du digital suffit pour détecter un nombre significatif de pollen. 

En prenant contact avec le CHU de Nice (service d’urgence et des intoxications) dont j’ai pris connaissance d’une liste des plantes dangereuses

Le service m’indique que même si le risque existe de transmission du toxique vers le nectar puis vers le miel dépend, de nombreux facteurs interviennent, et le risque dépendra de la concentration du toxique, ce qui ne peut se justifier que s’il était récolté pur… et cas ça connaissance il ne connaît pas d’intoxication en France (dans son service 

1°) toute la plante de la digitale est toxique, mais la feuille concentre plus le poison : il en faut selon les sources 120 grammes (frais ou sec ?) de feuille pour être toxique, alors pour qu’elle se retrouve dans le miel, signifierait que des champs entier ont été butinés et presque exclusivement. Les abeilles butinent un grand nombre d’espèces différentes, comme vous le savez déjà, le miel n’est jamais la composante d’une seule fleur (hormis la présence de monoculture) mais de plusieurs dizaines de fleurs majeures, on limite l’éventuel risque d’intoxication. 

2°) le cas en France sont si rare que je n'ai pas connaissance de cas précis d'intoxication par le miel causé par une plante toxique (mais je me renseigne au centre anti-poison) 

3°) Les abeilles ne sont pas intoxiquées par la digitaline. 

Selon moi, si vous avez un doute sur votre récolte : 

· utilisez, le miel récolté comme nourrissage, et ne récolter qu’en dehors de la période de floraison de la digitale, le miel que vous consommerez. Ce dernier point reste peut être difficile à appliquer car la floraison maximale s’étend de juin à juillet (aux conditions climatiques régionales près). 

· En procédant en une seule récolte en fin de saison (mélange de toutes les fleurs) dilué le risque  

· En ne consommant pas chaque jour de trop grande quantité (effet de dilution : principe de consommation de multiples sources alimentaires en petite quantité) 

· Et si cela peut vous rassurer, faites une analyse  

· demander à des apiculteurs proches de vous s’ils ont eu des cas d’intoxication… 

S. Bénédic d’APISITE

J’ai pris contact avec le centre de documentation du centre anti-poison et j’attends des informations complémentaires (statistiques et articles)