Responsable
scientifique
|
JP. FAUCON
|
Personne de
l'Unité Abeilles impliqués
dans le projet
|
P. DRAJNUDEL,
C. AURIERES
|
Durée du
projet
|
1 AN
(2000-2001)
|
Remarques: article diffusée avec
l'autorisation de M. Faucon le 02/10/2001
A. INTRODUCTION :
**Depuis 1981, le
parasite Varroa jacobsoni est présent au sein du
cheptel apicole français et les apiculteurs doivent
maintenir les seuils d'infestation à un niveau bas,
compatible avec la survie de leurs colonies. Pour cela la
lutte chimique est utilisée
préférentiellement. Actuellement seulement 2
médicaments possèdent une AMM : l'apistan
TM
(molécule active: fluvalinate) et l'Apivar
TM
(molécule active: amitraze).
** Ces 2 médicaments ne présentent plus
sur le terrain une efficacité suffisante permettant
une exploitation optimale des colonies durant toute
l'année apicole:
- pour l'Apistan
TM,
des résistances ont été
démontrées aussi bien à
l'étranger qu'en France depuis 1995 (Faucon 1995,
Milani 1999).
-pour l'Apivar TM des baisses
d'efficacité, quelques fois importantes, ont
été obsérvées depuis 1999, dans
plusieurs départements.
Le projet engagé avait pour
objectif d'évaluer l'efficacité réelle
de ces 2 médicaments.
Pour répondre
à cet objectif, deux types d'essais ont
été réalisés :
- recherche de
l'efficacité de ces médicaments par des essais
de terrain, dans différents ruchers, afin de
diversifier les conditions météorologiques
sources de variations des résultats.
- mesure du temps létal pour ces
composés selon la méthode
élaborée au laboratoire et comparaison de ces
temps à ceux des essais antérieurs (Faucon et
al, 1995)
**En fonction de
l'ensemble des résultats, un plan de lutte pouvant
intégrer, si besoin est, des préparations
extemporanées ou d'autres médicaments sera
proposé.
B. RECHERCHE DE L'EFFICACITES SUR LES
COLONIES :
*1) Essais de terrain
L'essai d'efficacité a
été réalisé sur plusieurs
ruchers répartis dans les départements
suivant:
Aisne (02), Alpes-Maritimes (06),
Charentes (16), Drôme (26), Finistère (29),
Loire-Atlantique (44), Haut Rhin (68), Haute Sâone
(70), Savoie (73), Var (83) et un rucher situé en
Belgique.
L'essai effectué dans le
département de l'Ariège n'a pas
été poursuivi par
l'expérimentateur.
L'essai effectué dans le
département de la Loire n'a pas été
exploité en raison du nombre insuffisant de parasites
présents.
La conduite de l'essai s'est faite sous
la responsabilité d'un Assistant Sanitaire ou d'un
responsable apicole confirmé.
Chaque rucher
comportait 15 colonies réparties en 3 lots
:
- Lot 1 (témoin: 5
colonies non traitées)
- Lot 2 (témoin: 5 colonies
traitées à l'Apistan TM)
- Lot 3 (témoin: 5 colonies
traitées à l'Apivar TM)
** Les colonies
étaient équipées de plateaux
grillagés pour permettre le comptage des parasites.
Ce comptage a été réalisé le
plus fréquemment possible.
** Les traitements
ont duré 10 semaines. En fin de traitement, pour
contrôler l'efficacité de la
spécialité testée, l'ensemble des
ruches a été traité au Périzin
TM
(2 applications à 7 jours d'intervalle), puis
à l'acide oxalique (une application à la
concentration de 45g par litre de sirop 50/50).
** En fin
d'expérimentation, le pourcentage d'efficacité
de la spécialité testée a
été calculé selon la méthode
classiquement utilisée.
2) Mesure du temps
létal :
** La mesure du temps
létal a été réalisée sur
des parasites prélevés dans du couvain
operculé sur le lot témoin de chaque
rucher.
** La méthode
"Varroase;: mise en évidence de la résistance
du parasite aux acaricides par la méthode de
détermination du temps létal moyen" (Faucon,
1996) a été appliquée, ce qui a permis
d'évaluer la variation de ce temps létal par
rapport aux valeurs de
références établies au cours de la
première étude.
C. RESULTATS
** Les résultats d'efficacité pour les
médicaments Apistan TM et Apivar
TM
, testés sur 11 emplacements différents sont
résumés dans le tableau 1.
** Pour l'Apistan TM la fourchette de
variation d'efficacité est comprise entre plus de 40%
et plus de 99%. L'efficacité est inférieure
à 90% pour au moins une colonie, dans 9 ruchers sur
11 (82%). Par rapport au nombre de colonies, cette
efficacité est inférieure à 90% pour 31
colonies sur 55 (56%). L'Apistan TM est encore
efficace dans le Var, en Belgique et dans une moindre mesure
dans les Alpes-Maritimes.
RUCHERS
|
TYPE de RUCHE
|
EFFICACITE MOYENNE (en %)
|
NOMBRE de VARROAS RESIDUELS
(après traitement Apivar)
|
|
|
Apistan
|
Apivar
|
Ruche1
|
R2
|
R3
|
R4
|
R5
|
Belgique
|
-
|
98,1 (96,6 - 99,6)
|
94,1 (86,8 - 99,4)
|
590
|
179
|
30
|
459
|
62
|
Aisne
|
Langstroth
|
91,2 (81,6 - 96,3)
|
96,7 (95,2 - 98,3)
|
48
|
0
|
145
|
50
|
41
|
Alpes-Maritimes
|
Dadant
|
95,7 (89,7 - 99,2)
|
97,8 (94,6 - 97,8)
|
4
|
5
|
7
|
45
|
18
|
Charentes
|
Dadant
|
79,2 (71,7 - 86,6)
|
95,7 (81,6 - 99,9)
|
8
|
8
|
7
|
18
|
349
|
Drôme
|
Dadant
|
49,2 (39,8 - 72,9)
|
99,3 (98,0 - 99,9)
|
2
|
3
|
32
|
10
|
33
|
Finistère
|
Dadant
|
85,7 (73,5 - 98,5)
|
99,5 (99,2 - 99,9)
|
44
|
12
|
4
|
11
|
9
|
Loir-Atlantique
|
Dadant
|
93,0 (88,5 - 99,3)
|
99,9 (99,8 - 100,0)
|
1
|
2
|
9
|
7
|
1
|
Haut-Rhin
|
Dadant
|
56,8 (37,7 - 65,7)
|
74,2 (31,9 - 96,3)
|
372
|
387
|
236
|
147
|
327
|
Haute-Sâone
|
Dadant
|
78,3 (68,5 - 90 )
|
91,8 (87,8 - 91,8)
|
97
|
387
|
125
|
334
|
402
|
Savoie
|
Dadant
|
70,8 (49,6 - 87,7)
|
99,2 (98,6 - 99,2)
|
1
|
10
|
0
|
49
|
7
|
Var
|
Langstroth
|
98,6 (97,2 - 99,8)
|
99,1 (98,4 - 99,6)
|
60
|
39
|
14
|
37
|
82
|
** Pour l'Apivar TM, la fourchette de
variation est comprise entre 32% à 100%.
L'efficacité est inférieure à 90% pour
au moins une colonie dans 4 ruchers sur 11 (36%). Par
rapport au nombre total de colonies cette efficacité
est inférieure à 90% pour 8 colonies sur 55
(14,5%). L'efficacité est mauvaise dans un seul
département: le Haut-Rhin. Bien que
l'efficacité moyenne générale de
l'Apivar TM soit correcte l'apparition rapide des seuils
d'infestation élevés dénoncée
par les apiculteurs, en dehors du champ de
l'expérimentation, nous a conduit à
considérer le nombre de parasite résiduels en
fin de traitement à l'Apivar TM.
En effet, malgré une
efficacité moyenne correcte, un nombre de varroas
résiduel trop important est source de
re-contamination et compromet le développement futur
de la colonie. Si l'on exclut le département du
Haut-Rhin où le problème est patent, le nombre
de varroas résiduel varie de 125 à 590 pour
les départements de l'Aisne, des Charentes, de la
Haute-Saône et pour la Belgique, cela malgré
des efficacités moyennes acceptables (91,8% à
96,6%) mais trompeuses quant à la
sécurité des colonies au cours de
l'année apicole suivante.
En ce qui concerne le
temps létal moyen (tableau 2) :
- pour
l'ApistanTM il reste élevé avec des valeurs
voisines de celles trouvées sur des parasites
résistants en 1995 (tableau 3)
- pour l'ApivarTM, en 5 ans, la
variation est l'amplitude moindre que pour l'Apistan. Le
test de comparaison des moyennes applicables aux petits
échantillons montre cependant une différence
significative.
RUCHERS
|
TEMPS LETAL MOYEN 2000
|
|
Apistan
|
Apivar
|
Belgique
|
51
|
87
|
Aisne
|
352
|
81
|
Alpes-Maritimes
|
85
|
68
|
Charentes
|
125
|
73
|
Drôme
|
96
|
44
|
Finistère
|
131
|
50
|
Loire-Atlantique
|
98
|
48
|
Haut-Rhin
|
382
|
40
|
Haute-Sâone
|
315
|
49
|
Savoie
|
228
|
66
|
Var
|
61
|
47
|
Tableau 2: Temps létal moyen (en
minutes) recherchés avec APISTAN et APIVAR pour 11
emplacements en 2000.
D. CONCLUSION
** Les résultats d'efficacité des
essais de terrain confirment que l'Apistan TM et par extension
la matière active fluvalinate sous ses autres formes
(Klartan TM, Mavrik TM) ne doit plus
être utilisée en France. L'emploi de cette
seule molécule conduit à un affaiblissement
des colonies plus ou moins rapide et à l'apparition
des désordres connus et graves, engendrés par
une pression de parasites trop élevée. La mise
en évidence de parasites morts lors de ces
traitements n'est que le témoin de
l'élimination de la population des varroas sensibles
au fluvalinate. La population résistante continue son
développement et son action
délétère Pour les ruchers où
l'efficacité est encore bonne, la vigilance doit
être de mise car l'apparition de la résistance
est aléatoire ("en peau de léopard"). Une sage
mesure est d'"anticiper" avec un autre traitement afin
d'éviter les problèmes à venir et
difficilement contrôlables.
** Ces conclusions sont en accord avec les
résultats de 1995 faisant déjà
état de problèmes de résistance. Ils
existent des mortalités hivernales de colonies
où les traitements ont encore été
réalisés au fluvalinate, malgré les
nombreuses mises en garde déjà
formulées.
En ce qui concerne l'Apivar
TM,
l'efficacité est globalement correcte.
** Le cas du Haut-Rhin où l'efficacité
est très mauvaise, est surprenant mais les
responsables apicoles de ce département avaient
déjà sensibilisé les autorités
compétentes à ce problème.
** Pour les autres départements, le nombre de
varroas résiduels est dans certains cas trop
élevé. Ce nombre doit être au maximum de
50 avant la rentrée en hivernage.
** La présence de parasites en nombre trop
élevé dans une ou plusieurs colonies d'un
rucher va contribuer à une ré-infestation
générale, à l'apparition de
symptôme de la parasitose et bien sûr à
l'action délétère de Varroa
jacobsoni.
** L'apiculteur ayant traité avec l'Apivar
TM,
médicament possédant une AMM, sensé lui
garantir un bon résultat, doit donc être
vigilant.
** Une étude plus approfondie de la variation
des résultats d'efficacité de l'Apivar
TM
ne permet pas d'établir une corrélation avec
le type de ruche, avec les températures externes,
variables entre les sites au cours du traitement et
conditionnant l'activité des abeilles, avec la
position des lanières au sein de la grappe. En
rapport avec ce dernier point, il est utile de
préciser que les essais se sont
déroulés dans le cadre d'une bonne pratique
apicole: mise en place des lanières au milieu de la
grappe mais sans vérification du déplacement
de celle-ci au cours du temps. Cette vérification
représente une intervention non réaliste au vu
des manipulations supplémentaires engendrées.
La faible variation du temps létal de
l'ApivarTM en 5 ans ne semble pas plaider en faveur de
l'installation d'une résistance. L'utilisation de la
"méthode à froid ou par évaporation"
donne encore satisfaction. Il y'a cependant un défaut
d'efficacité du médicament, pouvant être
attribué à une évaporation insuffisante
de produit actif couplée à
l'instabilité de l'amitraze sur l'abeille, ne
permettant pas dans les conditions de la ruche une action
létale rapide vis à vis du parasite.
** Compte tenu des médicaments
réglementairement disponibles et de leur
efficacité variable, la lutte contre la varroase doit
s'articuler vers l'utilisation de l'Apivar TM avec un temps d'application de 10
semaines.
Les lanières doivent être
disposées
au centre de la grappe. Une
vérification du contact abeilles-lanières peut
éventuellement être faite après 4
semaines. Pour éliminer les varroas restant en fin
d'utilisation de l'Apivar TM, un traitement au
Périzin TM (non
commercialisé en France mais ayant une AMM) ou avec
l'Asuntol TM (sur prescription extemporanée, dans les
mêmes conditions d'utilisation et de dosage que le
Perizin TM ) constitue un "plus" intéressant dans la
lutte contre la varroase.
Responsable
scientifique
|
JP. FAUCON
|
Personne de
l'Unité Abeilles impliqués
dans le projet
|
P. DRAJNUDEL,
C. AURIERES
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1 AN
(2000-2001)
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